Il est seul sur le banc des prévenus. Yannick Tache, ex-président de l'Association Sport Automobile 44 (ASA 44), était jugé ce mercredi après-midi par le tribunal correctionnel de Nantes pour "blessures involontaires".
Le 22 mai 2004, lors d'un week-end de l'Ascension radieux, 15 spectateurs avaient été blessés à Couffé lors de la sortie de route d'un concurrent du " Rallye de Loire-Atlantique ", que son association organisait depuis 1988. Le "problème de freins" - évoqué au moment des faits par le pilote - ayant été écarté par les experts, l'accusation s'est tournée vers lui, en lui reprochant de ne pas avoir fait mettre les barrières de sécurité à la distance réglementaire.
Celles-ci auraient dû être à 25 mètres de la route, selon l'arrêté préfectoral pris cinq jours plus tôt. Or, elles ne l'étaient qu'à "5 ou 6", d'après l'enquête. Avec cette précaution, le drame aurait pu être évité : la Clio s'était arrêtée seulement deux mètres trop tard.
"Mon rôle est de préparer la manifestation, mais le jour venu, on transmet le dossier au directeur de course, qui n'appartient pas à notre association mais à la Fédération française des sports automobiles (FFSA) ", se défend le prévenu. Commissaires de course, bénévoles et même gendarmes - lors d'une reconnaissance du circuit en hélico - : aucun n'avait fait corriger l'erreur. La distance avait bien été vérifiée, d'après l'un d'eux, mais "au pas et non au décamètre".
"Personne n'a rien vérifié, tout est fait à vue d'oeil", fustige le président du tribunal correctionnel. "On a l'impression que c'est de l'à-peu-près et du vas-y-que-je-te-pousse."
De leur côté, les avocats des parties civiles insistent sur le traumatisme des victimes. "Des familles grièvement blessées se sont retrouvées dans le bruit, le sang et la poussière", rappelle Me Jean-Michel Pollono, qui évoque un "syndrome de l'attentat".
L'avocat dénonce lui aussi "le flou artistique le plus total" régnant sur les responsabilités des organisateurs. Mais, selon lui, Yannick Tache ne devrait pas être seul sur le banc des prévenus.
Le "manque certain d'expérience" du co-pilote, âgé alors de 18 ans, avait en effet été pointé par les experts, même s'il n'était "pas suffisant pour expliquer l'accident". Le final de cette spéciale Ligné/Couffé était par ailleurs considéré comme "très rapide et bosselé", et une "erreur de pilotage" du conducteur - âgé de 27 ans - avait été un temps évoquée. Enfin, et surtout, la question de la sécurité de ces courses - où " des petites bombes de 220 chevaux s'élancent sur un circuit ouvert à M. Tout-le-monde ", d'après Me Pollono - peut être posée.
Le parquet de Nantes, après de brèves réquisitions, a préféré lui retenir la "simple négligence dans la formation des organisateurs et le contrôle des distances". Il réclame à ce titre 10 000 € d'amende pour Yannick Tache.
Le jugement a été mis en délibéré au 5 mars. G.F.
(Crédit photo Thomas Faivre-Duboz/FlickR)